Victor Hugo (1802-1885)
Ecrivain français.
Après de brillantes études à Paris, il fréquente la faculté de droit et fonde Le Conservateur littéraire, se donnant pour but d'être Chateaubriand ou rien.
Il publie, en 1822, les Odes et Poésies diverses, d'inspiration royaliste, qui lui vaudront d'être pensionné par Louis XVIII.
Victor Hugo épouse Adèle Foucher, une amie d'enfance. N'ayant pour vivre que la pension royale, il travaille avec acharnement. En 1826 il abandonne la cause royaliste pour la défense des idées libérales, et admire Napoléon. Il opte pour la nouveauté romantique contre la régularité classique et donne, dans la préface de son drame Cromwell, un manifeste à l'école romantique, dont il devient le chef de file. En 1830, peu après l'échec d'Amy Robsart, il triomphe sur la scène du Théâtre-Français avec Hernani, au terme de la fameuse bataille : emmenés par Théophile Gautier, qui arbore son fameux gilet cerise, les Jeune-France l'emportent sur les perruques lors d'un chahut mémorable. La pièce met Hugo au premier plan de la scène politique et l'impose comme le porte-parole des valeurs morales qui vont susciter la révolution de Juillet. Déjà, en 1829, il avait confirmé sa conversion aux idées libérales en soutenant l'insurrection des Grecs contre les Turcs dans les Orientales, poèmes variés et contrastés d'une étonnante maîtrise technique.
L'œuvre romanesque, ébauchée dès 1818 avec Bug-Jargal, poursuivie en 1823 avec Han d'Islande, traduit son idéal de réforme sociale. Hugo s'oppose en particulier à la peine de mort dans Le Dernier Jour d'un condamné et Claude Gueux. Il publie enfin un récit historique animé d'une puissance épique, Notre-Dame de Paris (1831) devenu un classique de la littérature française.
Hugo poursuit parallèlement son œuvre poétique. Mais les épreuves de la vie littéraire, les chagrins domestiques (Adèle le trompe avec Sainte-Beuve, l'ami de toujours) et, bientôt, la naissance de son amour pour Juliette Drouet font passer au second plan la virtuosité formelle au profit d'un lyrisme plus sincère et plus intériorisé dans ses nouveaux recueils : Les Feuilles d'automne, Les Chants du crépuscule et Les Voix intérieures, qui trouveront en 1840, dans Les Rayons et les Ombres, une expression élargie et une ouverture généreuse aux problèmes sociaux et humains. Hugo continue, en même temps, d'écrire pour le théâtre ; après Marion de Lorme, Le roi s'amuse (interdit en 1832), Lucrèce Borgia, Marie Tudor, Angelo, tyran de Padoue, il publie en 1838 Ruy Blas, considéré comme le chef-d'œuvre du théâtre de Victor Hugo.
Elu à l'Académie Française en 1841, Hugo, qui s'est rallié au régime orléaniste en 1837, est parvenu au faîte des honneurs : Louis-Philippe le fait pair de France en 1845.
La Révolution de 1848 (Hugo est député à l'Assemblée Législative), suivie du coup d'Etat de 1851, sont l'occasion d'une véritable prise de conscience. Hugo perçoit l'avènement de Napoléon III comme une trahison perpétrée contre le peuple et finalement contre Dieu, dont la quête désormais ne l'abandonnera plus : quête d'un Dieu de justice, d'un Dieu-Peuple, où la multitude est réconciliée avec l'Un. Proscrit en raison de ses prises de position, il entame un long exil, d'abord à Bruxelles, exil au cours duquel il donnera la pleine mesure d'un génie incomparablement prolifique. Hugo, s'adonne aussi au dessin : le spectacle des vagues et des tempêtes lui inspire des compositions tourmentées et puissantes. En 1862, il achève et publie Les Misérables, très long roman d'inspiration populaire et pathétique, mis en chantier dès 1845, dont les personnages sont restés des prototypes de la littérature " sociale " .
Après la chute de l'Empire, Hugo retrouve Paris, où il est acclamé et élu député de l'Assemblée constituante (février 1871), mais l'échec de la Commune et la répression de mai-juin 1871 l'atterrent et le reconduisent dans un exil volontaire cette fois, où il écrit L'Année terrible. De retour à Paris en 1873, nommé sénateur en 1876, il réclame à plusieurs reprises l'amnistie pour les communards.
L'ironie voudra que la République, dont il a préféré s'éloigner, lui accorde des obsèques nationales et l'inhumation au Panthéon, poursuivant ainsi l'œuvre de "récupération" d'un prophète qui, bouleversant la littérature, avait voulu lui rendre son pouvoir subversif.
